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你時時刻刻都在思想裏寫著這個名字,幸福的時候寫,不幸的時候寫得更勤。
2008/12/21 22:25:35瀏覽348|回應0|推薦1

至於阿爾貝蒂娜本人,她只有掛了她的姓名才可能在我身上生根,除了睡眠之後蘇醒那罕有的休息時刻,這個姓名什麼時候都銘刻在我頭腦裏而且永不停息。倘若我出聲地思索,我會不停地念叨這個名字,我的絮語很可能會單調而愚蠢到仿佛我變成了一隻鳥,一隻寓言中的鳥,它無休無止地叫著它作為人時曾經愛過的女人的名字。你一個人在心裏念叨這個名字,沒有念出聲,因此你仿佛在自己心上刻寫這個名字,而且仿佛讓名字留在了自己的腦海裏,末了,你的腦海就像一堵被人亂畫過的牆一樣佈滿了寫過上千遍的所愛者的名字。你時時刻刻都在思想裏寫著這個名字,幸福的時候寫,不幸的時候寫得更勤。

(p.15 追憶似水年華 VI 女逃亡者 聯經版 1992) 

As for Albertine herself, she barely existed in me save under the form of her name, which, but for certain rare moments of respite when I awoke, came and engraved itself upon my brain and continued incessantly to do so. If I had thought aloud, I should have kept on repeating it, and my speech would have been as monotonous, as limited as if I had been transformed into a bird, a bird like that in the fable whose song repeated incessantly the name of her whom, when a man, it had loved. We say the name to ourselves, and as we remain silent it seems as though we inscribed it on ourselves, as though it left its trace on our brain which must end by being, like a wall upon which somebody has amused himself by scribbling, entirely covered with the name, written a thousand times over, of her whom we love. We repeat it all the time in our mind, even when we are happy, all the more when we are unhappy.

(Translated by C. K. Scott Moncrieff ) 

Pour Albertine elle-même, elle n’existait guère en moi que sous la forme de son nom, qui, sauf quelques rares répits au réveil, venait s’inscrire dans mon cerveau et ne cessait plus de le faire. Si j’avais pensé tout haut, je l’aurais répété sans cesse et mon verbiage eût été aussi monotone, aussi limité que si j’eusse été changé en oiseau, en un oiseau pareil à celui de la fable dont le chant redisait sans fin le nom de celle qu’homme, il avait aimée. On se le dit et, comme on le tait, il semble qu’on l’écrive en soi, qu’il laisse sa trace dans le cerveau et que celui-ci doive finir par être, comme un mur où quelqu’un s’est amusé à crayonner, entièrement recouvert par le nom, mille fois récrit, de celle qu’on aime. On le récrit tout le temps dans sa pensée tant qu’on est heureux, plus encore quand on est malheureux.

(l’édition Gallimard, Paris, 1946-47 )

( 知識學習隨堂筆記 )
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