我面前的這座城市已不再是威尼斯。它的特點,它的名字對於我如同騙人的虛構,我再沒有勇氣把這些虛構刻印在石頭上了。宮殿在我眼裡只不過是一個個建築物和一大堆與其他石頭沒有什麼不同的大理石,水也只不過是氮氫化合物,一種永恆的、沒有靈性的物質,威尼斯存在以前就有,威尼斯以外的地方也有,它不知總督和透納為何人。然而這個普普通通的地方又很奇特,它像這樣一種地方,你剛到那兒,它還不認識你,你走了它也已經把你忘掉。我再不能向它吐露任何心事,再不能在它身上寄託自己的任何思想與情愫,它使我收縮成一團,我現在只不過是一顆還在跳動的心,是一種正憂慮地關注著「Solemio」如何展開的注意力。 (p.250~251 追憶似水年華 VI 女逃亡者 聯經版 1992)
The town that I saw before me had ceased to be Venice. Its personality, its name, seemed to me to be lying fictions which I no longer had the courage to impress upon its stones. I saw the palaces reduced to their constituent parts, lifeless heaps of marble with nothing to choose between them, and the water as a combination of hydrogen and oxygen, eternal, blind, anterior and exterior to Venice, unconscious of Doges or of Turner. And yet this unremarkable place was as strange as a place at which we have just arrived, which does not yet know us—as a place which we have left and which has forgotten us already. I could not tell it anything more about myself, I could leave nothing of myself imprinted upon it, it left me diminished, I was nothing more than a heart that throbbed, and an attention strained to follow the development of ‘sole mio.’ (Translated by C. K. Scott Moncrieff )
La ville que j’avais devant moi avait cessé d’être Venise. Sa personnalité, son nom, me semblaient comme des fictions menteuses que je n’avais plus le courage d’inculquer aux pierres. Les palais m’apparaissaient réduits à leurs simples parties, quantités de marbre pareilles à toutes les autres, et l’eau comme une combinaison d’hydrogène et d’oxygène, éternelle, aveugle, antérieure et extérieure à Venise, ignorante des Doges et de Turner. Et cependant ce lieu quelconque était étrange comme un lieu où on vient d’arriver, qui ne vous connaît pas encore – comme un lieu d’où l’on est parti et qui vous a déjà oublié. Je ne pouvais plus rien lui dire de moi, je ne pouvais rien laisser de moi poser sur lui, il me laissait contracté, je n’étais plus qu’un coeur qui battait et qu’une attention suivant anxieusement le développement de « sole mio ». (l’édition Gallimard, Paris, 1946-47 )
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