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2009/12/05 14:20:45瀏覽655|回應1|推薦3 | |
噴泉位於林間空地的一側,周圍樹木環繞,樹木美不勝收,不少樹與噴泉一樣古老。遠遠望去,噴泉細長的一股,靜止不動,仿佛凝固了一般,微風吹拂,才見淡雅、搖曳的薄紗悠悠飄落,更為輕盈。十八世紀賦予了它盡善至美的纖纖身段,可噴泉的風格一旦固定,便似乎斷絕了它的生命。從此處看去,人們感覺到的與其是水,毋寧說是藝術品。噴泉頂端永遠氤氳著一團水霧,保持著當年的風采,一如凡爾賽宮上空經久不散的雲霧。走近一看,才發現噴泉猶如古代宮殿的石建築,嚴格遵循原先的設計,同時,不斷更新的泉水噴射而出,本欲悉聽建築師的指揮,然而行動的結果恰似違背了他的意願,只見千萬股水柱紛紛噴濺,唯有在遠處,才能給人以同一股水柱向上噴發的感覺。實際上,這一噴射的水柱常被紛亂的落水截斷,然而若站在遠處,我覺得那水柱永不彎曲,稠密無隙,連續不斷。可稍靠近觀望,這永不中斷的水柱表面形成一股,可實為四處噴湧的水所保證,哪里有可能攔腰截斷,哪里就有水接替而上,第一根水柱斷了,旁邊的水柱緊接著向上噴射,一俟第二根水柱升至更高處,再也無力向上時,便由第三根水柱接替上升。附近,無力的水珠從水柱上灑落下來,途中與噴湧而上的姊妹相遇,時而被撞個粉碎,捲入被永不停息的噴水攪亂了的空氣渦流之中,在空中飄忽,最終翻落池中。猶猶豫豫、反向而行的水珠與堅挺有力的水柱形成鮮明對比,柔弱的水霧在水柱周圍迷濛一片,水珠頂端一朵橢圓形的雲彩,雲彩由千萬朵水花組成,可表面像鍍了一層永不褪色的褐金,它升騰著,牢不可破地抱成一團,迅猛沖天而上,與行雲打成一片。不幸的是,只要一陣風吹來,就足以把它傾傾斜斜地打回地面;有時,甚至會有一股不馴的小水柱闖到外面,若觀眾不敬而遠之,保持適當距離,而是冒冒失失、看得入神,那準會被濺個渾身透濕。 (p.62~63 追憶似水年華 IV索多姆和戈摩爾 聯經版 1992) In a clearing surrounded by fine trees several of which were as old as itself, set in a place apart, one could see it in the distance, slender, immobile, stiffened, allowing the breeze to stir only the lighter fall of its pale and quivering plume. The eighteenth century had refined the elegance of its lines, but, by fixing the style of the jet, seemed to have arrested its life; at this distance one had the impression of a work of art rather than the sensation of water. The moist cloud itself that was perpetually gathering at its crest preserved the character of the period like those that in the sky assemble round the palaces of (Translated by C. K. Scott Moncrieff ) Dans une clairière réservée par de beaux arbres dont plusieurs étaient aussi anciens que lui, planté à l’écart, on le voyait de loin, svelte, immobile, durci, ne laissant agiter par la brise que la retombée plus légère de son panache pâle et frémissant. Le XVIIIe siècle avait épuré l’élégance de ses lignes, mais, fixant le style du jet, semblait en avoir arrêté la vie ; à cette distance on avait l’impression de l’art plutôt que la sensation de l’eau. Le nuage humide lui-même qui s’amoncelait perpétuellement à son faîte gardait le caractère de l’époque comme ceux qui dans le ciel s’assemblent autour des palais de Versailles. Mais de près on se rendait compte que, tout en respectant, comme les pierres d’un palais antique, le dessin préalablement tracé, c’était des eaux toujours nouvelles qui, s’élançant et voulant obéir aux ordres anciens de l’architecte, ne les accomplissaient exactement qu’en paraissant les violer, leurs mille bonds épars pouvant seuls donner à distance l’impression d’un unique élan. Celui-ci était en réalité aussi souvent interrompu que l’éparpillement de la chute, alors que, de loin, il m’avait paru infléchissable, dense, d’une continuité sans lacune. D’un peu près, on voyait que cette continuité, en apparence toute linéaire, était assurée à tous les points de l’ascension du jet, partout où il aurait dû se briser, par l’entrée en ligne, par la reprise latérale d’un jet parallèle qui montait plus haut que le premier et était lui-même, à une plus grande hauteur, mais déjà fatigante pour lui, relevé par un troisième. De près, des gouttes sans force retombaient de la colonne d’eau en croisant au passage leurs soeurs montantes, et, parfois déchirées, saisies dans un remous de l’air troublé par ce jaillissement sans trêve, flottaient avant d’être chavirées dans le bassin. Elles contrariaient de leurs hésitations, de leur trajet en sens inverse, et estompaient de leur molle vapeur la rectitude et la tension de cette tige, portant au-dessus de soi un nuage oblong fait de mille gouttelettes, mais en apparence peint en brun doré et immuable, qui montait, infrangible, immobile, élancé et rapide, s’ajouter aux nuages du ciel. Malheureusement un coup de vent suffisait à l’envoyer obliquement sur la terre ; parfois même un simple jet désobéissant divergeait et, si elle ne s’était pas tenue à une distance respectueuse, aurait mouillé jusqu’aux moelles la foule imprudente et contemplative. (l’édition Gallimard, Paris, 1946-47 ) |
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