網路城邦
上一篇 回創作列表 下一篇   字體:
現實v.s夢想之二:我如何還能幻想飯廳是一個不可思議的地方呢?我在精神上每走一步都遇見我剛才吃下的美式龍蝦所不斷發射的、永不消失的光線,它甚至照射我最遙遠的過去
2009/02/22 17:55:46瀏覽399|回應0|推薦0

好幾年以來,我一直認為拜訪斯夫人是我永遠可望而不可即的朦朧的空想,然而在她家呆上一刻鐘以後,從前那段未相識的時期便變得朦朧而渺茫,仿佛是被實現了的可能性所摧毀的另一種可能性。我如何還能幻想飯廳是一個不可思議的地方呢?我在精神上每走一步都遇見我剛才吃下的美式龍蝦所不斷發射的、永不消失的光線,它甚至照射我最遙遠的過去。斯萬在自己身上一定看到同樣的現象,可以說,他接待我的這套住宅是一個匯合點、重疊點,其中不僅有我的想像力所創造的理想住宅,還有斯萬的嫉妒愛情(它和我的夢想一樣富有想像力)經常向他描繪的住宅——他曾幻想與奧黛特所共有的、他和福爾什維爾去她那裏喝橘子汁那天晚上他感到高不可攀的住宅。

(p.107 追憶似水年華 II 在少女們身旁 聯經版 1992) 

I had been able to believe, year after year, that the right to visit Mme. Swann was a vague and fantastic privilege to which I should never attain; after I had spent a quarter of an hour in her drawing-room, it was the period in which I did not yet know her that was become fantastic and vague like a possibility which the realization of an alternative possibility has made impossible. How was I ever to dream again of her dining-room as of an inconceivable place, when I could not make the least movement in my mind without crossing the path of that inextinguishable ray cast backwards to infinity, even into my own most distant past, by the lobster à l’Américaine which I had just been eating? And Swann must have observed in his own case a similar phenomenon; for this house in which he entertained me might be regarded as the place into which had flowed, to coincide and be lost in one another, not only the ideal dwelling that my imagination had constructed, but another still, that which his jealous love, as inventive as any fantasy of mine, had so often depicted to him, that dwelling common to Odette and himself which had appeared so inaccessible once, on evenings when Odette had taken him home with Forcheville to drink orangeade with her; and what had flowed in to be absorbed,

(Translated by C. K. Scott Moncrieff ) 

J’avais pu croire pendant des années qu’aller chez Mme Swann était une vague chimère que je n’atteindrais jamais ; après avoir passé un quart d’heure chez elle, c’est le temps où je ne la connaissais pas qui était devenu chimérique et vague comme un possible que la réalisation d’un autre possible a anéanti. Comment aurais-je encore pu rêver de la salle à manger comme d’un lieu inconcevable, quand je ne pouvais pas faire un mouvement dans mon esprit sans y rencontrer les rayons infrangibles qu’émettait à l’infini derrière lui, jusque dans mon passé le plus ancien, le homard à l’américaine que je venais de manger ? Et Swann avait dû voir, pour ce qui le concernait lui-même, se produire quelque chose d’analogue : car cet appartement où il me recevait pouvait être considéré comme le lieu où étaient venus se confondre, et coïncider, non pas seulement l’appartement idéal que mon imagination avait engendré, mais un autre encore, celui que l’amour jaloux de Swann, aussi inventif que mes rêves, lui avait si souvent décrit, cet appartement commun à Odette et à lui qui lui était apparu si inaccessible, tel soir où Odette l’avait ramené avec Forcheville prendre de l’orangeade chez elle ; et ce qui était venu s’absorber,

(l’édition Gallimard, Paris, 1946-47 )

( 知識學習隨堂筆記 )
回應 推薦文章 列印 加入我的文摘
上一篇 回創作列表 下一篇

引用
引用網址:https://classic-blog.udn.com/article/trackback.jsp?uid=le14nov&aid=2675294